Utilisation de bourdons et autres insectes auxiliaires pour la pollinisation naturelle des cultures sous serre

Apiculture
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On utilise des bourdons pour polliniser des cultures sous serre depuis la fin des années 1980. Ce sont des pollinisateurs très fiables, en particulier dans les cultures de tomate. Avant le développement de solutions commerciales incluant des bourdons, la formation des fruits reposait sur l’utilisation de d’auxines synthétiques comme le 2,4-D. Les bourdons contribuent à la réduction des résidus de produits chimiques dans les fruits.

Photo 1 Bourdon butinant une fleur de tomate.

Photo 2 Marque laissée sur la fleur par le bourdon après pollinisation.

Le terme « bourdon » désigne les insectes du genre Bombus dans la classe des Hymenoptera. Le Bombus terrestris n’est pas l’espèce la plus couramment utilisée dans les serres. Les vibrations des muscles thoraciques des bourdons, transmises à travers leurs pattes, leur permettent de faire vibrer les fleurs et d’assurer ainsi leur pollinisation (photo 1). Après avoir butiné une fleur, le bourdon y laisse une marque brune qui ressemble à un bleu (photo 2) pour signaler qu’elle a bien été pollinisée.

Les ruches commerciales abritent la reine, les ouvrières, un couvain et contiennent une solution sucrée pour couvrir les besoins énergétiques. Les ouvrières doivent récolter du pollen pour nourrir les larves et c’est ainsi qu’elles pollinisent les fleurs. Quand les jeunes bourdons émergent des cellules la population de pollinisateurs augmente et peut visiter davantage de fleurs. Les ouvrières peuvent se déplacer jusqu’à 3 km de la ruche. Dans la pratique, une seule ruche permet de couvrir une serre de 2 000 m2.

Photo 3. Parties d’une ruche commerciale de bourdons pour une utilisation dans les cultures sous serre. Source: Bioline Agrosciences

Conditions optimales pour la pollinisation naturelle

De nombreux facteurs biotiques et abiotiques peuvent influencer la qualité de la pollinisation des cultures sous serre.

La santé et la vigueur des plantes sont essentielles pour obtenir une bonne pollinisation. Par exemple, si l’on laisse de nombreuses pousses latérales se développer sur la culture, un grand nombre de fleurs seront ouvertes au même moment. Si le nombre de ruches installées s’avère n’être pas suffisant pour assurer la fertilisation des fleurs, il est recommandé d’ajouter une ou plusieurs ruches supplémentaires dans la serre. L’irrigation peut également affecter la qualité du pollen et donc le développement de la ruche elle-même. Le stress hydrique des plantes peut rendre le pollen de moins bonne qualité et les fleurs moins attractives pour les bourdons.

Les conditions environnementales telles que la température, l’humidité et le rayonnement sont les paramètres les plus déterminants de la qualité de la pollinisation. On considère en général qu’une température (T) et une humidité relative (HR) comprises respectivement entre 23 et 28 °C et 60 et 75 % correspondent à des conditions excellentes pour la pollinisation. Des températures supérieures à 30 °C incitent les bourdons à rester à l’intérieur de la ruche et à consacrer plus de temps à la régulation de la température qu’à la recherche de pollen. En cas de températures élevées, il est conseillé de prendre des mesures de protection comme l’utilisation de systèmes de refroidissement et d’ombrage. En ce qui concerne l’humidité relative, des valeurs en dehors de la plage optimale peuvent entraîner un pollen trop sec (faible HR) ou collant (HR élevée), ce qui le rend moins attrayant pour les bourdons et ne convient pas au stigmate de la fleur.

Il est évident que les facteurs biotiques et abiotiques n’agissent pas indépendamment les uns des autres, car les conditions environnementales difficiles réduisent la force de la plante et favorisent le stade végétatif au détriment de la floraison et de la nouaison. Il s’agit bien entendu de directives indicatives, les effets de ces conditions sur les différentes variétés cultivées étant très variables.

Conseil pratique : installer une ruche de bourdons dans une serre

  • La ruche doit être transportée en position verticale jusqu’à son emplacement définitif dans la serre.
  • Ne pas placer la ruche dans des endroits où il y a des fuites d’eau ou des environnements humides.
  • S’assurer que le trou d’envol est dégagé et que rien ne fait obstruction.
  • Si deux ruches sont installées l’une à côté de l’autre, les trous d’envol ne doivent pas être orientés dans la même direction.
  • Le trou d’envol ne doit pas être exposé directement à la lumière du soleil.
  • Placer les ruches au bas de la culture, là où il y a suffisamment d’ombre, mais pas dans un endroit froid. Ne pas les placer au-dessus de la culture en plein soleil.
  • Attendre au moins deux heures avant d’ouvrir la ruche. Cela laissera le temps aux bourdons de se calmer et de s’installer.
  • Ne pas déplacer la ruche une fois qu’elle est ouverte. Ne pas pousser ou remuer la ruche.
  • En été, lorsque les températures sont élevées, ouvrir la ruche en fin d’après-midi. L’installation de nouvelles ruches dans la serre doit se faire très tôt le matin ou de préférence le soir.
  • Si une ruche est retirée de son emplacement, placer la nouvelle ruche au même endroit pour éviter toute confusion avec d’autres abeilles.
  • Même si la ruche manque de sucre, les bourdons peuvent être encore actifs. Vérifier régulièrement le niveau de solution sucrée dans la ruche et le rajuster si nécessaire.
  • Fournir du pollen à la colonie si la floraison de la culture est brève.
  • Les fourmis sont souvent attirées par les ruches en raison de la présence de sucre. Essayer d’éloigner les fourmis de la ruche en utilisant des appâts ou de la graisse appliquée autour de l’emplacement de la ruche.

Compatibilité avec les produits phytosanitaires

Les agriculteurs traitent souvent leurs cultures contre divers parasites et maladies en pulvérisant des substances pouvant être toxiques pour les pollinisateurs. Les producteurs de ruches de bourdons fournissent des listes et des bases de données complètes concernant la compatibilité des produits phytopharmaceutiques (PPP) avec les bourdons. Les ingrédients actifs récemment développés ont tendance à être moins nocifs pour les bourdons et ne nécessitent la fermeture de la ruche que pendant quelques heures après l’application. Si l’agriculteur détecte une perturbation significative du comportement des pollinisateurs ou un changement de la taille de leur population, il doit envisager de changer le produit qu’il utilise et, si nécessaire, de remplacer la ou les ruches concernées.

Autres pollinisateurs utiles

Les syrphides sont des insectes dont les sources de nourriture sont variées. On trouve souvent les adultes dans les fleurs, se nourrissant de pollen et de nectar (photo 4), tandis que les larves peuvent se nourrir de matières organiques ou d’autres insectes comme prédateurs. Récemment, deux espèces (désormais disponibles dans le commerce) qui sont utilisées pour traiter les invasions de pucerons, se sont avérées augmenter de manière significative la nouaison et le poids des fruits pour les cultures de poivron en conditions de serre. En d’autres termes, le même organisme est capable de fournir à la fois des services de bio-contrôle et des services de pollinisation, dont bénéficie largement l’agriculteur.

Photo 4. Syrphide Sphaerophoria contigua butinant une fleur.

 

 

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