Rendement, récolte et manutention du maïs après récolte

Estimation du taux de rendement du maïs par hectare

En fonction de l’utilisation commerciale finale du produit, l’agriculteur privilégiera soit le rendement en grains soit le rendement en biomasse des plants de maïs. L’objectif de l’agriculteur est d’atteindre, de manière régulière et durable, le taux de rendement maximal. Pour ce faire, il doit déterminer quelle est la densité de plantation la plus approprié, choisir une variété à fort potentiel de rendement et mettre en œuvre toutes les pratiques de gestion nécessaires pour aider les plantes à atteindre leur plein potentiel. D’autres paramètres comme la fertilité du sol et les facteurs abiotiques peuvent également avoir un effet sur le rendement final.

Rendement en grains du maïs par hectare

Les taux de rendement varient fortement selon les pays, y compris parmi les plus importants pays producteurs. Par exemple, au cours de la dernière décennie, la moyenne du rendement en grains par hectare était d’environ 10-11 tonnes aux États-Unis, 6 tonnes en Chine et 5 tonnes au Brésil. Les rendements des pays africains varient entre 1 et 10 tonnes par hectare, la plupart produisant en moyenne 2 à 4 tonnes par hectare (1). D’après les données de la FAO, un rendement en grains satisfaisant dans un champ irrigué se situe entre 6 et 9 tonnes par hectare. En général, le poids de 1000 grains varie entre 237 et 268 g (Sampathkumar, 2013). Habituellement, les agriculteurs font une estimation du rendement pour l’année en cours en se basant sur la récolte précédente ou sur le nombre de sacs remplis avec les grains récoltés (nombre de sacs * volume du sac). La méthode du poids spécifique est simple à utiliser et permet une estimation précise du rendement de la culture (2).

Rendement du maïs d’ensilage par hectare

Selon l’Université du Wisconsin, une façon simple de calculer le rendement d’ensilage d’un champ est de calculer d’abord le rendement en grains que l’on pourrait obtenir. Pour chaque tonne potentielle de grains par hectare, on peut compter environ 7 à 8 tonnes d’ensilage par hectare avec 30 % de matière sèche. Il s’agit bien sûr d’une estimation très approximative, et les écarts peuvent être importants en fonction de la variété de maïs et des facteurs environnementaux. (13)

Période de récolte du maïs

La plupart des variétés ont un cycle de vie de 100 à 120 jours entre le semis et la récolte. Le moment exact de la récolte est toutefois fortement influencé par les facteurs environnementaux et par d’autres paramètres, comme l’utilisation finale du produit.

Récolte du maïs grain 

Le taux d’humidité des grains est le principal indicateur pour déterminer le moment de la récolte. Il est généralement préférable de récolter les grains qui seront séchés après la récolte lorsque le taux d’humidité est inférieur à 35 %, voire 30 %. Les coûts de séchage sont ainsi moins élevés. À ce moment-là, le maïs atteint l’accumulation maximale de matière sèche. De nombreux agriculteurs choisissent de récolter encore plus tard, lorsque le taux d’humidité est descendu à 25 %, afin de réduire les pertes mécaniques et de laisser les épis sécher naturellement dans le champ (3).

Ces valeurs sont atteintes relativement plus tard que la maturation naturelle des grains de maïs. En revanche, si l’épi est destiné à l’alimentation humaine, la récolte peut commencer plus tôt. Le choix par l’agriculteur du délai entre la maturité des plantes et la récolte est également influencé par les conditions météorologiques (risque de perte de rendement), la disponibilité et le coût de la main-d’œuvre et de l’équipement, ainsi que le prix potentiel du produit sur le marché à un instant T.

Un trop long délai avant la récolte peut augmenter le risque de verse liée au séchage des tiges. Cela augmente les pertes de rendement avant et pendant la récolte mécanique. Plus précisément, lorsque l’humidité du grain est inférieure à 15 %, les pertes mécaniques augmentent de 13 % (Stringfield et Anderson, 1960). Outre l’objectif d’atteindre un rendement maximum, l’agriculteur doit produire des grains de qualité acceptable ou supérieure, répondant aux besoins du marché. La classification des grains et du maïs d’ensilage est basée sur la pureté, l’uniformité, la rondeur et la dureté des grains (Watson et Ramstad, 1991).

Récolte du maïs fourrage

La date de récolte est également très importante pour le maïs qui sera utilisé comme aliment pour les animaux ou pour la production d’énergie. La récolte doit avoir lieu lorsque la teneur en matière sèche (MS) de la plante entière se situe entre 30 et 38 % afin d’obtenir un rendement maximal et un maïs dont la qualité et l’ensilabilité sont très élevées. À ce moment-là, la teneur en amidon et la digestibilité des fibres des plantes de maïs ont atteint un niveau satisfaisant. Il existe différentes façons de calculer la teneur en eau de l’ensilage de maïs sur l’exploitation, le test de la matière sèche par micro-ondes étant le plus utilisé (4). Pour déterminer le moment de la récolte, l’agriculteur peut également utiliser comme indicateur la couleur des feuilles au-dessus des épis qui deviennent légèrement jaune-brun et le développement de l’amidon laiteux dans les grains. On considère généralement que la période appropriée pour récolter le maïs d’ensilage se situe au moment où les grains de maïs sont à moitié ou au tiers laiteux.

Ce n’est toutefois qu’une indication et la décision de récolter doit être avant tout être fondée sur la teneur en MS des plantes.

Lorsque la récolte a lieu plus tôt (MS inférieure à 30 %), on peut anticiper :

  • Des pertes de rendement et de nutriments ;
  • Un ensilage trop fermenté ;
  • Un dépôt d’amidon et une dégradation des protéines plus faibles.

Dans ce cas, il est conseillé aux producteurs de maïs de différer la transformation des grains et d’augmenter la longueur des hachages de 10-15 mm à 20-25 mm.

En revanche, une récolte tardive (MS supérieure à 35-38 %) conduira à :

  • Réduire le rendement et la qualité de l’ensilage ;
  • Accroître le risque d’échauffement ;
  • Augmenter la teneur en fibres et faire baisser la digestibilité de l’ensilage ;
  • Entraîner une mauvaise fermentation.

Méthodes de récolte du maïs

  • Pour les grains

La récolte manuelle n’est envisageable que dans de très petits champs ou dans des jardins, lorsque le maïs est principalement cultivé pour l’autoconsommation (consommation humaine ou alimentation des animaux de ferme d’une famille). En effet, cette méthode n’est pas rentable en termes de coût et de temps, puisqu’une personne a besoin de 30 à 100 heures pour récolter un hectare de plants de maïs.

Dans la plupart des cas, le maïs est récolté mécaniquement, à l’aide de batteuses, de décortiqueuses ou de moissonneuses-batteuses. Si l’agriculteur ne possède pas ces machines, il peut les louer avec les services d’un opérateur expérimenté au moment de la récolte. Le temps nécessaire pour récolter un hectare mécaniquement est 6 fois inférieur, selon la machine utilisée. L’efficacité de la récolte mécanique des grains est estimée à 80-95 %.

Dans tous les cas, il est très important de vérifier l’état et la précision des machines qui seront utilisées afin de limiter les pertes de rendement et de réduire la casse des grains. L’agriculteur ou l’opérateur doit avoir des connaissances sur le fonctionnement de ces machines, sur la teneur en eau optimale des grains à la récolte et sur les réglages de vitesse optimaux, ou posséder une formation adéquate.

  • Pour l’ensilage

Pour récolter la biomasse aérienne des plantes de maïs destinées à l’alimentation animale, les agriculteurs utilisent une récolteuse-hacheuse (ensileuse). En général, les plantes de maïs destinées à l’ensilage sont hachées à une hauteur moyenne de 10-20 cm, pouvant atteindre au maximum 45 cm. Idéalement, la taille du hachage doit être de 10 à 15 mm, mais les particules peuvent être plus ou moins grosses en fonction du taux d’humidité.

Stockage du maïs – Bonnes pratiques pour un stockage du maïs plus sûr et plus durable

Avant la récolte, l’agriculteur doit décider s’il vend directement sa production ou s’il la stocke pendant un certain temps. Dans le premier cas, l’agriculteur doit déjà avoir trouvé un acheteur (c’est le cas dans l’agriculture contractuelle) et il n’a pas à se soucier du sur-séchage ou des coûts de stockage. Cependant, l’offre étant assez élevée, les prix qu’il peut obtenir pour son maïs sont probablement relativement bas. En stockant le produit, l’agriculteur a la possibilité de le vendre lorsque les prix ont monté et qu’ils sont plus conformes à ses objectifs de rentabilité. Dans les zones où les conditions de stockage ne sont pas optimales, les risques liés à un stockage prolongé sont plus élevés puisque l’agriculteur peut perdre jusqu’à 80 % de son rendement (5). S’il décide de stocker les grains de maïs, l’agriculteur (ou le responsable du silo) doit suivre un certain nombre d’étapes et mettre en œuvre certaines mesures afin de réduire le risque de pertes dues à l’infestation des grains :

→ Le silo doit respecter certaines spécifications. 

On peut fabriquer, acheter ou louer un silo de stockage adapté pour le maïs. Le sol du silo doit être couvert, lissé, propre, sec et isolé de l’humidité. Une bonne aération est également essentielle. Il convient d’éliminer les résidus de grain et de végétation dans une zone de 3 m de rayon autour des silos (6). Le silo doit être soigneusement nettoyé et désinfecté avant d’y entreposer un nouveau stock de grains. Il doit être également inspecté soigneusement pour détecter les fissures ou les résidus de grains (comme la poussière ou les faux planchers). Les évents doivent être nettoyés et les fissure ou trous dans les silos doivent être réparés. Il convient également de pulvériser des insecticides certifiés (résiduels) sur le sol et les parois du silo avant d’y déposer un nouveau stock de grains.

→ Ne placer que des grains sains dans le silo.

Le taux d’humidité et la température de stockage des grains de maïs ont une incidence certaine sur la durée de la période de stockage. La teneur en eau des grains doit être inférieure à 13,5 % lorsqu’un stockage de longue durée est envisagé (environ 6 mois). Si nécessaire, les grains doivent être séchés davantage pour atteindre une teneur en eau appropriée (7). Si les grains sont destinés à l’alimentation animale et qu’ils ont une teneur en eau plus élevée, l’agriculteur peut utiliser des conservateurs comme l’acide propionique ou un mélange d’acide acétique et d’acide propionique. Ces substances n’affectent pas la valeur nutritionnelle et la sécurité des grains mais permettent de les protéger des infections fongiques. Il peut être judicieux de solliciter les conseils d’un agronome agréé concernant l’utilisation de ces produits.

→Catégoriser les grains en fonction de leur qualité. 

Les grains infectés et les matières étrangères doivent être éliminés. Il faut éviter d’entasser les grains ou de les placer directement sur le sol sans équipements anti-humidité. Il est fortement recommandé de mettre les grains dans des sacs et/ou de les contrôler périodiquement pour s’assurer qu’ils sont sains et que leur qualité reste satisfaisante.

→ Protection chimique

Dès la récolte, l’agriculteur peut appliquer des produits de protection avec les composés actifs suivants : Pirimiphos-methyl, (S) – Methoprene (8). Si nécessaire, les grains doivent être traités avec une poussière insecticide appropriée et certifiée. Il est conseillé d’effectuer ces traitements avant de placer les grains dans les silos. Dans ce cas, le stockage peut avoir une durée supérieure à un an. Si les grains sont stockés dans des endroits où la température et le taux d’humidité sont élevés, il est important d’appliquer un produit insecticide de protection des grains, que l’on peut éventuellement compléter par un traitement de recouvrement (application au sommet de la masse des grains).

En outre, de nombreux insecticides fumigènes peuvent être utilisés sur les grains de maïs stockés en tas (et non en sacs). Parmi les principes actifs les plus importants, on peut citer :

  • Le phosphure d’aluminium
  • Le dioxyde de carbone (CO2)
  • Le phosphure de magnésium
  • Le bromométhane
  • La déltaméthrine

Quel que soit le produit, il faut toujours veiller à suivre les instructions figurant sur l’étiquette et ne pas hésiter, si nécessaire, à demander l’avis d’un agronome agréé. Pour obtenir de meilleurs résultats, les produits doivent être appliqués lorsque la température dépasse 15,5 °C, avec un taux d’humidité qui reste proche de 12-13 % (910).

→ Inspections régulières

Le stockage prolongé du maïs récolté sur l’exploitation augmente le risque de pertes post-récolte dues aux pathogènes (moisissures), aux rongeurs et aux ravageurs des grains stockés, et ce même si les étapes précédentes ont été correctement suivies. Lorsque la température à l’intérieur du silo est supérieure à 13-15,5 °C, les inspections doivent être effectuées plus fréquemment (environ une fois par semaine). En revanche, si la température est inférieure à 13 °C, une inspection toutes les 2 semaines est suffisante (9). En plus de réaliser des inspections visuelles, l’agriculteur doit prélever des échantillons représentatifs des tas de grains et les examiner pour détecter la présence éventuelle d’insectes et de contamination fongique. Lorsque la température est basse, il est préférable de prélever des échantillons au centre des tas. Si des insectes sont présents, il est plus probable que ce soit là qu’ils se trouvent à ce moment-là. L’échantillonnage peut être complété par l’utilisation de pièges permettant de surveiller la présence d’insectes (espèces, population) dans le maïs stocké.

Les insectes les plus répandus dans les grains de maïs stockés sont :

  • Le charançon du maïs (Sitophilus zeamais).

Il se nourrit des grains de maïs intacts. Il est très difficile de détecter une infestation aux stades précoces car les larves se développent et restent à l’intérieur des grains.

  • Grand capucin du maïs (Prostephanus truncates).

Les larves peuvent se nourrir de grains endommagés. Il est considéré comme l’insecte le plus destructeur pour les denrées stockées en Afrique. Hormis les dégâts qu’il occasionne en se nourrissant des grains de maïs, il provoque des pertes importantes par la transmission de champignons comme A. flavus, F. moniliforme, et P. islandicum (11). Des mesures de contrôle doivent être mises en œuvre immédiatement dès que l’on retrouve 5 insectes ou plus par piège.

  • Teigne des céréales comme Sitotroga cerealella

Les larves sont difficiles à détecter car elles se développent à l’intérieur des grains. Les grains de maïs peuvent être infectés aussi bien au stade de la fructification des plantes qu’après la récolte (12).

  • Tribolium rouge de la farine (Tribolium castaneum).

Il est présent dans les zones tempérées mais peut survivre pendant l’hiver dans des environnements protégés et chauffés. Il se nourrit de grains endommagés. Des pertes significatives peuvent intervenir lorsque plus de 1 000 insectes sont capturés par piège et par semaine.

Références

  1. Corn yields, 2018 (ourworldindata.org)
  2. Agronomy | Free Full-Text | Estimation of Maize (Zea mays L.) Yield Per Harvest Area: Appropriate Methods | HTML (mdpi.com)
  3. id-139: Corn Harvesting, Handling, Drying, and Storage (uky.edu)
  4. Red Clover Harvest Management (wisc.edu)
  5. Post_harvest_handling_and_protection.pdf (kalro.org)
  6. PROTECTING STORED CORN | Appling County Crop E News (uga.edu)
  7. GPP_MAIZE.pdf (acfs.go.th)
  8. Insect Management Recommendations for On Farm Stored Grain // Integrated Crop and Pest Management News Article // Integrated Pest Management, University of Missouri
  9. Steps to Prevent Stored Grain Infestations (sdstate.edu)
  10. Controlling Insects in Stored Grain | Entomology (uky.edu)
  11. Maize Weevil (kznhealth.gov.za)
  12. Sitotroga cerealella (grain moth) (cabi.org)
  13. https://fyi.extension.wisc.edu/forage/files/2014/01/BuyingSellingCS.pdf

Sampathkumar, T.; Pandian, B.J.; Rangaswamy, M.V.; Manickasundaram, P.; Jeyakumar, P. Influence of deficit irrigation on growth, yield and yield parameters of cotton-maize cropping sequence. Agric. Water Manag. 2013, 130, 90–102.

Stringfield, G. H., & Anderson, M. S. (1960). Corn production (No. 2073). US Department of Agriculture.

Watson, S.A., Ramstad, P.E., 1991. Corn: Chemistry and Technology. American Association of Cereal Chemists Inc, St. Paul, MN, USA.

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