Même si le tournesol peut être infesté par divers ravageurs et infecté par différentes maladies, il est rare qu’il soit nécessaire de mettre en place des mesures de contrôle. Cependant, les menaces peuvent varier d’une région à l’autre et d’une année à l’autre, et l’agriculteur doit évaluer la nécessité de mesures éventuelles (en fonction des dommages et des risques pour la rentabilité). Le seuil économique reflète le nombre minimum d’insectes (ou le montant minimum des dégâts) au-delà duquel il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures de contrôle afin d’éviter une perte de rendement significative. Le seuil économique peut varier en fonction des insectes et des stades de croissance des cultures. La culture traverse différentes phases critiques, pendant lesquelles des parties spécifiques des plantes sont ciblées et sous la menace d’« ennemis » spécifiques.

Les principaux insectes du tournesol

Des insectes broyeurs comme les sauterelles, les coléoptères et différentes espèces de chenille, peuvent se nourrir des feuilles de tournesol et les endommager. Le problème est bénin dans la plupart des cas et les agriculteurs ne prennent pas de mesures particulières. Quoi qu’il en soit, les stratégies de lutte intégrée sont les plus efficaces contre les insectes. Le semis tardif s’avère être la mesure la plus efficace pour éviter des pertes conséquentes de rendement en raison d’une invasion d’insectes (cela est vrai pour un grand nombre d’insectes). L’agriculteur doit rester vigilant dans le cas d’une présence du coléoptère du tournesol (Zygogramma exclamationis). Si la population est importante, les adultes et les larves peuvent endommager les cotylédons et les premières feuilles, entraînant des pertes de rendement. Au stade de plantule, le seuil économique est de 1 à 2 adultes par plante ou de 10 à 15 larves par plante (1).

En plus de cette phase initiale (plantules émergentes dont la surface foliaire est minimale), l’agriculteur doit connaître les autres stades de croissance « sensibles », pendant lesquels les dommages foliaires peuvent entraîner une perte de rendement significative. Par exemple, du stade R2 au stade R6 (du 52ème au 92ème jour après le semis), une destruction de 40 % des feuilles entraînera une perte de rendement de plus de 15-20 %. Plus précisément, le stade de croissance R3 (59-67 jours après la plantation) est le plus critique en ce qui concerne les dommages foliaires puisqu’une défoliation de l’ordre de 20-25 % peut entraîner une perte de rendement de 10 %. La perte de rendement peut être plus importante si la défoliation ou la réduction du peuplement se produit plus tard dans le cycle de la plante. En effet, les phénomènes peuvent de moins en moins être compensés car les plantes ont été longtemps en concurrence les unes avec les autres pour les ressources (2).

Noctuelles terricoles  

On peut trouver jusqu’à six espèces de noctuelles terricole dans une champ de tournesols. Quatre d’entre elles appartiennent au genre Euxoa, les deux autres aux genres Agrotis et Feltia respectivement. Les insectes se nourrissent des feuilles des plantules de tournesol mais les dégâts les plus importants sont causés par les larves qui peuvent sectionner le collet des jeunes plants, ce qui leur est généralement fatal. Les larves matures n’infestent que les jeunes plantes aux pousses tendres car elles ne peuvent plus se nourrir de la plante une fois que la tige s’épaissit et se renforce. Les ravageurs développant facilement une immunité contre les pesticides, la lutte biologique est la méthode la plus efficace pour les contrôler. Ce contrôle doit s’effectuer au moment de la levée de la culture ou avant le semis. Une fois que la culture est attaquée, il devient plus compliqué de lutter contre les ravageurs. La lutte chimique ne s’utilise que lorsque le problème est sévère et toujours sous la supervision d’un agronome agréé. Généralement, le seuil économique se situe à 10 larves par m2 ou à 20-30 % de réduction du peuplement. L’agriculteur doit inspecter son champ la nuit pour repérer l’insecte (3).

Si des pertes de rendement significatives peuvent se produire dans les cas de sévère pullulation de noctuelles terricoles, ces situations sont relativement peu fréquentes. Par contre, l’agriculteur doit effectuer des inspections régulières de son champ à partir du développement du bourgeon floral. À ce stade, le danger peut venir de la présence et de l’activité des insectes dits « coupeurs de tête ». Parmi ces derniers, on considère que la pyrale représente la menace la plus importante et la plus répandue pour la culture du tournesol (4).

Pyrale du tournesol 

Trois espèces principales de pyrale, présentes dans le monde entier, pouvant endommager les cultures de tournesol. La taille de la population et les pertes de rendement qu’elles peuvent causer varient d’une région à l’autre. Les pyrales peuvent se propager sur de grandes distances avec l’aide du vent, et les conditions chaudes accélèrent leur cycle de vie. Les pratiques de lutte sont efficaces lorsqu’elles ciblent les adultes et les jeunes larves avant que celles-ci ne pénètrent dans la plante et ne l’endommagent (5).

  • Pyrale du tournesol (Homoeosoma electellum)

Les larves se nourrissent de pollen et des fleurons et peuvent empêcher la fertilisation des fleurs et le remplissage des graines. Dans les zones ayant des antécédents d’infestation par la pyrale du tournesol, les agriculteurs essaient d’éviter d’être trop pénalisés en pratiquant des semis tardifs. La population des insectes peut être mesurée en réalisant des inspections et des observations et en prélevant des échantillons. Des pièges à phéromones équipés d’appât peuvent également être utilisés comme indicateur secondaire. Il existe plusieurs seuils au-delà desquels la lutte chimique peut être mise en œuvre : 1 à 3 adultes pour 5 plantes au début de la floraison (R5.1) ou dans les 7 jours suivant la première apparition de la pyrale adulte, ou encore 4 pyrales par piège et par jour entre les stades de croissance R3 et R5 (1). Chaque larve de pyrale peut endommager jusqu’à 10 graines (6).

  • Pyrale des bourgeons de tournesol (Suleima helianthana)

Les femelles déposent leurs œufs sur les aisselles des feuilles, les bourgeons des fleurs ou sur les capitules ouverts. Les larves écloses commencent à se nourrir dans la moëlle de la tige ou du capitule. Les insectes peuvent souvent atteindre des populations importantes. Les pertes de rendement ne sont importantes que si les larves creusent dans les bourgeons non ouverts, affectant le développement normal des capitules. L’infestation est plus répandue (jusqu’à 80-85 % des tiges) dans les cultures précoces.

  • Cochylis rayée du tournesol (Cochylis hospesWalsingham)

Les femelles déposent leurs œufs sur l’extérieur des bractées des jeunes capitules. Le tournesol n’est sensible qu’au stade de la floraison (R5). Les préjudices économiques sont causés par l’alimentation des larves sur les fleurons de disque et les graines à tous les stades de croissance. Il existe des formules spécifiques pour calculer le niveau de préjudice économique en tenant compte du coût du traitement et de la population d’insectes (en savoir plus ici 1). Dans les systèmes de travail du sol conventionnel, les agriculteurs peuvent pratiquer un labour d’automne profond. Le semis tardif est également une alternative efficace. Enfin, les ennemis naturels de la pyrale (prédateurs et guêpes parasitoïdes) peuvent être de précieux alliés de l’agriculteur.

Attention : il convient d’utiliser des insecticides tolérés par les pollinisateurs et d’éviter de pulvériser pendant la journée lorsque ceux-ci volent et butinent les fleurs des tournesols. Les riverains possédant des ruches doivent être informés avant l’application de tout produit. Il est conseillé d’en discuter avec un agronome agréé. 

Des pertes de rendement significatives liées aux oiseaux

Les passereaux, les merles noirs et d’autres oiseaux grégaires qui se nourrissent des graines de tournesol peuvent être de sérieux parasites. Dans les régions où les populations d’oiseaux sont importantes, il convient d’éviter de planter des tournesols à proximité de zones humides, d’étangs, de roselières (où les oiseaux viennent se percher), de marais, de bois, ou en limite de forêt. Les capitules de la plupart des variétés modernes de tournesol se tournent vers le sol après la pollinisation des fleurs afin de réduire les pertes de rendements causées par les oiseaux. Par ailleurs, le semis précoce permet de récolter avant la période à laquelle les oiseaux se rassemblent en nuées. De manière générale, les oiseaux peuvent représenter un problème grave pour les champs de tournesols isolés ou de petite taille. Les agriculteurs peuvent mettre en place des mesures acoustiques, comme des détonations automatiques, pour effrayer les oiseaux. Un dispositif peut protéger une surface de 4 à 8 hectares (10-20 acres). Son activation avant le lever du soleil, lorsque les oiseaux commencent à arriver des zones de perchoir, augmente l’efficacité. L’agriculteur doit déplacer le dispositif tous les deux ou trois jours pour l’installer dans différentes parties du champ et éviter ainsi que les oiseaux ne s’habituent et que la mesure ne perde son efficacité (7).

Principales maladies du tournesol

Plus d’une trentaine de maladies peuvent toucher le tournesol. Toutefois, seules un cinquième d’entre elles peuvent causer des dégâts significatifs en termes de rendement de la production (8). Comme dans le cas des insectes, les espèces de pathogènes et les préjudices économiques qu’ils occasionnent varient en fonction des conditions environnementales.

Sclérotiniose (Sclerotinia sclerotiorum), pourriture blanche

Les champignons du genre Sclerotinia sont considérés comme les phytopathogènes du tournesol les plus répandus et les plus dévastateurs. Le symptôme le plus fréquent est l’apparition de lésions brunes, molles, et duveteuses, au dos des capitules ou sur les autres parties infectées des plantes. Les lésions se développement progressivement et peuvent être couvertes de filaments blancs. L’infection peut se déclencher à tout moment pendant la croissance mais elle est particulièrement nuisible au moment de la floraison du tournesol. La croissance du champignon est favorisée par des températures douces (18-23oC, 64-73oF) et des conditions humides. Les premiers symptômes s’observent sur un pied, un rang ou un îlot du champ.

Les champignons pouvant survivre dans le sol et les résidus de culture pendant plusieurs années, il est extrêmement difficile de lutter contre la sclérotiniose. Dans l’idéal, il faut donc planter le tournesol dans des sols non infestés par les sclérotinia, car il n’existe pas encore d’hybrides résistants. La pulvérisation foliaire de fongicides, peu efficace, n’est pas recommandée (9). En outre, toute fertilisation excessive doit être évitée (10). La rotation culturale est une option intéressante mais à condition de soigneusement choisir les espèces à inclure car de nombreuses espèces sont des hôtes possibles. En effet, le pathogène peut également infecter les fèves de soja, le canola, la moutarde, les haricots secs, les féveroles, les lentilles et les pommes de terre. Il vaut donc mieux éviter de planter l’une de ces espèces avant ou après le tournesol (1112).

Rouille du tournesol (Puccinia helianthin)

Il s’agit de l’une des maladies du tournesol les plus répandues et les plus importantes sur le plan économique puisqu’elle peut entraîner des pertes de rendement substantielles (13). L’infection et la croissance du champignon sont favorisées par les temps humides ou pluvieux et par des températures supérieures à 24 °C (75 °F). Les symptômes apparaissent principalement sur la face supérieure des feuilles inférieures sous la forme de petites taches circulaires, d’une couleur rouille caractéristique, entourées d’un halo chlorotique. Ces taches se développent jusqu’à couvrir presque toute la feuille. Les plantes infectées produisent moins de graines. Le poids et la teneur en huile des graines sont également réduits (6). De manière générale, les tournesols oléagineux sont davantage sensibles à la maladie (14).

La lutte contre cette maladie passe tout d’abord par l’adoption de mesures de prévention. Ces mesures incluent notamment le désherbage et le semis précoce, le choix d’hybrides du tournesol résistants, une bonne aération de la culture, un drainage du champ adéquat, l’abandon de la pulvérisation foliaire et la rotation culturale. L’environnement des plantes (quantité de nutriments, niveau d’humidité, exposition au soleil) peut également favoriser leur immunité. Il est également essentiel de nettoyer et de désinfecter le matériel utilisé pour éviter de propager le champignon dans des parties saines du champ ou dans d’autres champs. La lutte chimique n’est recommandée que lorsque le problème est sévère et toujours sous la supervision d’un agronome agréé. La meilleure période pour appliquer les produits fongicides se situe avant ou au début du stade de la floraison. Les substances actives disponibles dans le commerce sont notamment le cyproconazole, la pyraclostrobine, le fluxapyroxad et l’azoxystrobine (15).

Le pourrissement des racines et de la tige causé par des bactéries est plus fréquent et plus nuisible dans les sols lourds et humides avec une nappe phréatique élevée. Il est d’ailleurs généralement déconseillé de planter des tournesols dans ce type de sol (7).

Références :

  1. https://www.ag.ndsu.edu/publications/crops/integrated-pest-management-of-sunflower-insect-pests-in-the-northern-great-plains
  2. https://www.ag.ndsu.edu/publications/crops/sunflower-production-guide#section-19
  3. https://www.sunflowernsa.com/growers/insects/cutworms/#:~:text=Cutworms&text=When%20looking%20for%20cutworm%20feeding,recommend%20an%20evening%20insecticide%20application.
  4. https://www.extension.iastate.edu/alternativeag/cropproduction/pdf/sunflower_crop_guide.pdf
  5. https://bookstore.ksre.ksu.edu/pubs/MF3108.pdf
  6. https://sanangelo.tamu.edu/extension/agronomy/agronomy-publications/sunflower-production-guide/
  7. https://extension.missouri.edu/g4701#uses
  8. https://www.sunflowernsa.com/growers/Diseases/
  9. https://www.gov.mb.ca/agriculture/crops/plant-diseases/sclerotinia-sunflowers.html
  10. https://sanangelo.tamu.edu/extension/agronomy/agronomy-publications/sunflower-production-guide/
  11. https://www.extension.iastate.edu/alternativeag/cropproduction/sunflower.html
  12. https://www.gov.mb.ca/agriculture/crops/plant-diseases/sclerotinia-sunflowers.html
  13. http://era.daf.qld.gov.au/id/eprint/975/
  14. https://www.ag.ndsu.edu/publications/crops/sunflower-production-guide#section-18
  15. https://cropwatch.unl.edu/2018/sunflower-rust-alert-2018

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