Qu’est-ce que la lutte biologique et comment est-elle utilisée dans l’agriculture ?

Agroécologie

Tavares Gilmar

Professeur titulaire de l’Université fédérale de Lavras (UFLA).

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Ce poste de vulgarisation vise à diffuser des stratégies simples et sûres, par le biais d’informations techniques et pratiques, pour permettre à l’agriculteur familial et/ou aux petits exploitants d’accroître l’efficacité de la lutte biologique naturelle dans leurs activités de production. L’objectif est de parvenir simultanément à une amélioration de la qualité du produit et à une augmentation de la production et du rendement.

On sait désormais qu’en plus de peser sur les coûts de production, l’utilisation excessive et indiscriminée de pesticides génère des problèmes socio-environnementaux considérables, tels que :

1- Une résistance des parasites aux composés actifs des produits phytosanitaires ;

2- Des dommages environnementaux irrémédiables causés aux écosystèmes, aux biomes et à la biodiversité ;

3- Des dommages irréversibles pour la santé humaine liés au contact avec des substances nocives et à la consommation des résidus toxiques systématiquement présents dans l’alimentation.

La lutte biologique naturelle est un phénomène qui se produit spontanément lorsqu’un ennemi naturel (résident ou introduit) attaque en tant que prédateur le parasite qui infeste une espèce végétale à un moment donné.

La lutte biologique naturelle, aussi souhaitable et bienvenue soit elle, ne peut donc être ni stimulée ni induite, et elle n’est pas toujours suffisante pour éliminer les infestations de parasites dans les cultures.

L’élevage à grande échelle de prédateurs dans des laboratoires spécialisés afin de les relâcher ensuite dans les cultures infestées est l’un des moyens utilisés pour stimuler et induire l’augmentation des populations d’ennemis naturels des ravageurs des cultures.

Ce processus, appelé contrôle biologique artificiel, consiste à créer à l’échelle industrielle des prédateurs en laboratoire pour les relâcher ensuite en grande quantité dans les cultures. Ce type de lutte permet d’agir très rapidement, à l’instar des pesticides.

Mais ces pratiques, en plus d’être très coûteuses, sont difficiles d’accès pour les agriculteurs familiaux et/ou les petits producteurs, qui produisent généralement pour leur propre consommation et commercialisent les excédents dans les marchés de rue et par le biais du commerce local.

Les agriculteurs peuvent favoriser la lutte biologique en augmentant artificiellement par apports extérieurs les populations de prédateurs afin de tirer profit de leurs services (élimination des ravageurs des cultures) et en favorisant la biodiversité par le respect des bonnes pratiques agricoles. C’est le principe du « bio-contrôle ».

La lutte biologique est donc une méthode agroécologique naturelle, stimulée ou induite, pour combattre les parasites des cultures. Par son caractère durable, cette méthode est : économiquement viable, écologiquement adéquate, socialement équitable, culturellement adaptée, technologiquement appropriée et scientifiquement prouvés.

Elle est recommandée dans les contextes agricoles et plus particulièrement pour l’agriculture familiale et les petites exploitations. Elle constitue une stratégie viable, propre, équitable sur le plan social et adéquate sur le plan environnemental pour lutter contre les parasites des cultures sans nuire aux écosystèmes, à leurs biomes et à la biodiversité.

Cette méthode encourage l’implantation d’auxiliaires biologiques, communément appelés prédateurs, car ils sont reconnus comme des ennemis naturels des ravageurs agricoles (organismes biologiques nuisibles). Ces auxiliaires contribuent ainsi non seulement augmenter la production mais aussi à garantir qu’elle est de bonne qualité et exempte de résidus de produits chimiques dangereux comme les pesticides.

Par conséquent, les efforts de vulgarisation doivent porter sur des stratégies simples visant à stimuler et à induire une augmentation de la population d’auxiliaires biologiques qui permettent d’augmenter l’efficacité de la lutte biologique.

 

1- Opter pour une stratégie de lutte contre les parasites respectueuse du sol : 

Utiliser uniquement des semences saines dont l’origine est connue.

Mettre en place une rotation des cultures sur deux ou trois ans, de préférence en association avec des graminées.

Ménager un espacement aussi important que possible pour favoriser la ventilation entre les plantes.

Ne pas laisser de matières organiques abandonnées/entassées ou dispersées dans ou à proximité des parcelles cultivées.

Produire et pratiquer systématiquement des apports de compost, bio-fertilisant et bio-pesticides. 

Utiliser, pour la fabrication de ces produits, des résidus de culture, en particulier après la récolte : feuilles, écorce, céréales non récoltées, paille, légumes non ramassés, fruits abîmés, etc., ainsi que du fumier animal.

2- Planter et entretenir à proximité des principales cultures des espèces de plantes à fleurs qui peuvent fournir un abri et de la nourriture aux ennemis naturels des parasites des cultures. 

Le tournesol peut être utilisé comme auxiliaire biologique pour promouvoir la lutte biologique dans diverses cultures, telles que le soja, les haricots, les arachides, le maïs, les tomates et d’autres légumes, etc. Sa couleur jaune stimule l’instinct de l’insecte à rechercher de la nourriture car il existe un lien étroit entre cette couleur et la présence de grains de pollen au centre des fleurs, où se trouve le nectar.

Pour cela, le tournesol doit être planté en bordure des cultures principales afin de former une barrière physique contre les insectes nuisibles. Ceux-ci préféreront se nourrir de ses feuilles et de ses inflorescences et ne migreront donc pas vers l’intérieur de la culture. Dans certains cas, il peut aussi être planté avec la culture principale, comme culture intercalaire.

Le tournesol peut également être considéré comme une plante piège car lorsqu’il est planté dans les zones de culture, il attire non seulement les insectes nuisibles mais aussi leurs ennemis naturels ou prédateurs, ce qui favorise une prédation localisée.

Parmi les parasites attirés par le tournesol, on peut citer : les mites, les aleurodes, les insectes mineurs, les coléoptères défoliateurs des espèces Astylus variegatus, et des genres Diabrotica, Paranapiacaba et Microtheca, les chenilles Oxydia saturniata, ainsi que celle du genre Spodoptera et Helicoverpa. 

Les prédateurs attirés par les tournesols sont les oiseaux, les guêpes parasitoïdes, les coccinelles, les punaises de lit et les insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons et guêpes).

Espacement recommandé pour les tournesols plantés en tant qu’outils de lutte biologique.

Il dépend de la culture concernée.

Il faut tenir compte du fait que le tournesol a d’autres potentiels importants (commercialisation des graines pour l’extraction d’huile, alimentation animale et engrais vert) qui peuvent améliorer le revenu des agriculteurs.

Ne pas oublier que le cycle végétatif du tournesol peut différer de celui de la culture principale. Il est donc idéal de repiquer les semis de tournesol quelques jours après la plantation de la culture principale. De cette façon, les inflorescences seront présentes pendant tout le cycle végétatif de la culture principale. Il est parfois nécessaire de repiquer des tournesols dans le champ deux à trois fois jusqu’à la fin de la récolte de la culture principale.

Pour commencer l’expérimentation, un espacement d’un demi-mètre à un mètre est recommandé pour les limites de la zone cultivée.

Pour une culture intercalaire, une première suggestion est de planter un rang de tournesols tous les deux ou trois rangs de la culture principale, avec 70 cm entre les rangs des deux cultures et 30 cm entre les plantes dans les rangs de tournesol.

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