Principes et recommandations pour un bon compostage

Principes et recommandations pour un bon compostage
Agroécologie

Tavares Gilmar

Professeur titulaire de l’Université fédérale de Lavras (UFLA).

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Pour que le compostage se fasse dans des conditions optimales, le bon rapport carbone/azote [C/N] doit être de l’ordre de 30.

Par conséquent, plus les matières naturelles utilisées pour la préparation du compost sont diversifiées, meilleure est la qualité du produit final en termes nutritionnels, physiques et chimiques. Toutefois, pour obtenir un compost de bonne qualité, il faut que cette matière première naturelle soit transformée de manière appropriée et que le processus de compostage respecte certaines « règles » standard.

Les problèmes de compostage sont liés à des mauvaises manipulations. Le fait de laisser la matière première exposée à des conditions climatiques non contrôlées peut entraîner une décomposition ou une semi-décomposition insuffisante.
Cela risque également de causer une perte irrémédiable d’éléments fertiles à cause de la solubilisation et du lessivage des nutriments solubles.

De plus, en cas de manipulation inadéquate, la matière première semi-décomposée peut également avoir de graves répercussions sur l’environnement, telles que :

1) Contaminer les eaux de surface et les eaux souterraines, par le transport de particules minérales et organiques à partir du sol hôte ;

2) Favoriser le développement de populations d’insectes nuisibles et de rongeurs, ainsi que de micro-organismes indésirables, qui consommeront les nutriments disponibles dans la matière organique. Cela aura pour conséquence de diminuer les réserves de nutriments disponibles pour les plantes et donc de les affaiblir.

Les mauvaises manipulations sont l’une des causes possibles de l’augmentation du nombre de rongeurs et d’insectes nuisibles dans les zones de compostage, ainsi que du développement de certaines maladies, telles que la maladie du flétrissement du café, la mosaïque du manioc, des maladies affectant les bananiers, certains légumes, les plants de tomates, et d’autres espèces.

Le compost organique produit selon un processus de compostage adéquat a donc l’avantage d’être un engrais naturel bon marché (coût presque nul), très facile à obtenir et écologiquement responsable. .

Principes et recommandations pour un bon compostage

Conditions requises pour un compostage réussi.

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L’endroit choisi pour le compostage doit être :

1- Facile d’accès ;

2- Proche du lieu de stockage des matières animales et végétales qui seront utilisées comme éléments de base ;

3- Proche d’un point d’eau. Cela est important parce que les matériaux doivent rester humides, au fur et à mesure que le tas de compost se développe en couches successives de matières végétales et de fumier animal, et quand tout le tas est complètement retourné, ce qui doit avoir lieu tous les deux jours ;

4- Faiblement pentu (jusqu’à 5 % de pente), pour faciliter la préparation et la manipulation du tas de compost (retournement périodique), tout en permettant l’écoulement naturel des eaux de pluie.

-Attention : les zones inondables ou exposées à un risque d’excès d’eau doivent être évitées.

Le compost pouvant être fabriqué à terrain découvert et à même le sol, un sol pavé n’est pas nécessaire. Un endroit situé à l’ombre d’un grand arbre est tout à fait adéquat pour le compostage.

Les endroits exposés à des vents forts et constants ne sont pas recommandés.

Matériaux utilisables pour le compostage :

1) Tous résidus des cultures, des jardins et des vergers (y compris les fleurs tombées et les fruits non récoltés ou non sélectionnés) ;

Herbe coupée et petits végétaux verts ;

Les feuilles des plantes indigènes et/ou naturalisées sont préférables.

2) Fumier animal (sauf si déjections de chiens ou de chats) ;

(De préférence du fumier à base d’excréments de bétail, chèvres, lapins et éventuellement de poules, chevaux et porcs) ;

Cendre de feu de bois, épluchures de fruits et de légumes, coquilles d’œuf.

Important : matériaux non utilisables pour le compostage :

1) Déjections de chiens et de chats ;

2) Eucalyptus. L’eucalyptus (y compris les feuilles) est la seule plante qui ne doit absolument pas être utilisée pour le compost. Aucune partie de l’eucalyptus (feuilles, écorce, copeaux, sciure, chutes de bois) ne doit être compostée ;

(Remarque l’eucalyptus libère dans l’environnement une grande variété de métabolites primaires et secondaires provenant des feuilles, des racines et des résidus (décomposés ou non), qui sont capables d’interférer directement avec la croissance d’autres plantes et même de cultures agricoles. Ce phénomène naturel s’appelle l’allélopathie).

3) Tiges entières, buissons épais, écorces d’arbres volumineuses, copeaux, sciure et chutes de bois traités avec des pesticides en général ou vernis/peints/cirés ;

4) Matières organiques (peau, cuir, viande et os) ;

5) Restes de cuisine (nourriture cuite ou frite).

Il faut penser à retirer le verre, les cailloux, les pièces métalliques, les piles et les matières plastiques.

Tout élément susceptible de contenir des graines de plantes invasives, des parasites ou des pathogènes pouvant nuire à la production agricole doit être considéré comme indésirable. Le cas échéant, les agents pathogènes et les graines de plantes envahissantes peuvent être éliminés par un processus complet de compostage, s’il est effectué correctement.

Recommandations pour la composition du tas de compost

Les couches doivent être assemblées de la manière suivante :

Principes et recommandations pour un bon compostage

1- Disposer sur le sol une première couche de matières végétales d’environ 20 cm d’épaisseur et 1,80 à 2 m de largeur. La longueur de la bande dépend de la quantité de matière disponible à composter.

Arroser uniformément avant de mettre la couche suivante, qui sera composée de fumier animal ;

2- Répartir au-dessus de la première couche une couche de fumier animal d’environ 10 cm d’épaisseur ;

3- Répéter les deux étapes précédentes jusqu’à obtenir un empilement de couches successives de végétaux et de fumier d’environ 1,2 à 1,5 m de hauteur. La hauteur peut être ajustée pour faciliter la manipulation ;

4- Couvrir le tas avec de la paille sèche ou une bâche en plastique pour le protéger des aléas de la météo et maintenir la température et le niveau d’humidité du compostage au niveau souhaité.

Remarque : la cendre de feu de bois peut être saupoudrée à la main entre chaque couche (végétaux/fumier).

Les fruits abîmés doivent être coupés et répartis sur les couches végétales. Il est nécessaire de retirer les gros noyaux (mangue, avocat, etc.).

Le tas doit être entièrement retourné tous les deux jours et humidifié (mais pas détrempé) après chaque manipulation. Une fois que le tas de compost est arrosé par le haut, la couverture est remise en place.

Principes et recommandations pour un bon compostage

Durée de compostage

Le temps nécessaire à la transformation de la matière première en matière organique dépend de plusieurs facteurs, mais surtout de l’humidité et de la température. Le processus de décomposition par les digesteurs et les micro-organismes aérobies est d’autant plus rapide que les conditions de température et d’humidité sont contrôlées efficacement.

On sait que le compost est stabilisé au bout de 30 à 60 jours et qu’il arrive à maturation au bout de 90 à 120 jours. Il est alors prêt à l’emploi.

Autre indice que le compost est prêt : il doit être meuble et dégager une odeur de terre. Si le compost est mûr, on doit pouvoir le frotter entre les mains sans se salir, ce qui n’est pas le cas quand le compost est encore sous forme de pâte collante.

Humidité

Pour vérifier le taux d’humidité, on peut presser une poignée du compost entre ses mains : si la concentration en eau est adéquate, on peut sentir l’humidité et l’agrégation de la matière, qui forme une sorte de « scone », sans que de l’eau ne glisse entre les doigts.

L’humidité de départ doit se situer entre 55 et 60 %, et ne pas être inférieure à 40 % ;

Humidité optimale : 55 % ;

Si l’humidité est supérieure à 60 %, il est nécessaire de retourner le tas ;

Si elle est inférieure à 40 %, il est nécessaire d’arroser le tas.

Température

Température et transformations.

La température souhaitée pour les 25 premiers jours de compostage se situe entre 60 et 70 °C. Ensuite, la température baissera naturellement jusqu’à ce que le tas soit à la température ambiante.

La température et l’humidité peuvent être évaluées à l’aide d’une tige en fer insérée au milieu du tas, de haut en bas.

Au bout de deux ou trois minutes, on retire la tige, et on passe les doigts sur la partie qui a été plongée dans le compost.

1- Si la tige est chaude et humide, il n’est pas nécessaire d’arroser le compost avant le prochain mélange ;

2- Si la tige est sèche, elle sera probablement froide aussi. Dans ce cas, le tas doit être arrosé jusqu’à ce que l’eau atteigne le fond du tas. Il faut toujours faire attention à ne pas trop détremper le tas.

(Rappel : trop d’eau est tout aussi nuisible que pas assez).

Tamisage

Une fois que le tas est considéré comme « composté » et donc prêt à l’emploi, le tas entier doit être tamisé comme indiqué sur la photo. On appelle « compost » ce qu’on récupère après le tamisage. C’est un engrais biologique d’excellente qualité, prêt à l’emploi, sans danger pour les humains, les animaux et l’environnement.

Le compostage est :

Économiquement viable. Écologiquement responsable. Socialement équitable. Culturellement adapté. Techniquement approprié et scientifiquement prouvé.

Voyons désormais d’autres produits responsables sur le plan socio-environnementale, sous forme liquide cette fois-ci, qui sont également très riches en nutriments naturels et organiques et qui possèdent en plus des propriétés défensives.

Il s’agit des BIO-FERTILISANTS (BIO-PESTICIDES).

 

 

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